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Violences sexuelles sur les enfants, à quand la levée de l'omerta?

Depuis longtemps je m'étonne du silence assourdissant qui règne autour des violences sexuelles infligées aux enfants. A l'heure où les médias, les politiques et les milieux culturels se saisissent enfin de la question des violences faites au femmes au travers du mouvement #metoo, il semble que les enfants, eux, n'ont toujours pas voix au chapitre.

Et pour cause, leur vulnérabilité et leur immaturité fait d'eux les proies idéales, réduites au silence devant l'ampleur du déni des adultes et de toute une société.


Il y a quelques jours Arte a diffusé un documentaire qui dénonce et décortique le mécanisme des violences sexuelles exercées sur les enfants dans le milieu sportif. Il ne s'agit pas d'un phénomène à la marge mais d'un fléau abyssal à l'instar de ce qui a été partiellement dénoncé au sein de l'Eglise. Ces crimes pédophiles qui dévastent la vie des enfants sont bien souvent un secret de polichinelle à l'intérieur des systèmes pervers dans lesquels il s'exerce.






Je vous propose quelques pistes de compréhension et de réflexion autour de cette question.


Organisation perverse, comment ça marche?

Au delà de la figure du bourreau pédophile, le documentaire d'Arte permet de s’intéresser à la complicité silencieuse de tout un système pervers qui agit comme un terreau où se déploie ces pratiques criminelles.

L'exemple des fédérations sportives qui couvrent ces actes pédophiles montrent de quelle manière une organisation se met à fonctionner sur un mode pervers livrant les enfants en pâture car elle devient incapable de dénoncer les faits et de protéger les plus faibles. Dans ce système, les individus sont liés ou plutôt ligaturés entre eux par des pactes et des contrats malveillants plus ou moins conscients. Bien souvent l'argent et le pouvoir sont de la partie en tant qu'agent du maintien de l'emprise et du système dans sa globalité. Chacun tire un bénéfice secondaire à garder le silence.

La confrontation d'un individu à des actes criminels en tant que témoin peut entraîner plusieurs types de réactions.

Bien souvent il y a d'abord un phénomène de sidération car la psyché n'est pas préparée à faire face à ce type de situation. Face à la violence des faits et à l'angoisse qu'elle génère, l'individu lutte inconsciemment avec divers mécanismes de défense comme le déni, la rationalisation, la minimisation. Certaines personnes vont être en mesure de "reprendre leurs esprits" et de dénoncer mais cela implique bien souvent de ne pas être trop partie prenante dudit système ou d'accepter d'en être éjecté et d'en perdre les bénéfices, ce qui ne va pas de soi. Pourquoi me direz vous?

Simplement parce que tout affiliation secondaire à une organisation quelconque, clubs sportifs, association etc.. nous renvoie à notre affiliation primaire qu'est la famille. A cela s'ajoute des phénomènes de groupe où l'individu seul aura tendance à se ranger derrière les autres plutôt que d'exposer un point de vue différent.

Mais, une personne avertie en vaut deux. Plus la parole se libère sur cette violence, plus les individus sont en mesure de la repérer et de protéger l'enfant.


L'enfant seul face à la violence sexuelle

Du coté de l'enfant l'abus sexuel fait des ravages. Le pervers en quête d'une proie emprunte bien souvent le masque bienveillant de l’éducateur ou de l’entraîneur et n'y voyez pas de hasard. De cette manière non seulement il se retrouve dans une proximité physique avec l'enfant mais il s'agit aussi d'une proximité psychique.

Faisant figure de substitut parental il s'installe insidieusement dans la psyché de l'autre bien aidé par un contexte où l'enfant pense qu'il lui doit obéissance et que l'adulte sait ce qui est bien ou mal. Tout l'art du pervers est dans l'inversion, inversion de la honte, de la culpabilité du vrai et du faux, du bien et du mal. Il sème la confusion en un tour de main d'autant plus qu'il s'attaque à des enfants en pleine construction psychique.


Les conséquences sur l'enfant et sur l'adulte qu'il deviendra sont dramatiques. On retrouve fréquemment une dissociation du corps et de la psyché, de la dépression, un dégoût de soi et bien d'autres symptômes qui demanderont un accompagnement thérapeutique long et parfois douloureux.


Quelques chiffres:

165 000 enfants chaque année subissent des incestes et des violences sexuelles alors qu'il sont en moyenne âgés de 10 ans à peine.

Les associations et les professionnels du soin estiment par ailleurs que ce chiffre pourrait être largement sous estimé puisqu'il s'agit des cas connus.

Lorsque la victime est mineure, l’agresseur est une personne connue dans 94% des cas

Les mineurs sont la population la plus exposé aux violences sexuelles.

Seules 20% des agressions ont lieu à l'âge adulte s'il n'y a pas eu d'agressions dans l'enfance.



Comment lutter?

La lutte contre ce fléau doit s'amorcer à plusieurs endroits. D'abord au niveau médiatique et politique, il s'agit de reconnaitre l'ampleur du phénomène pour mieux le repérer et mieux l'accompagner autour de dispositifs de prévention. L'école notamment a un rôle a joué dans l'éducation des enfants à la sexualité, au consentement, au respect des interdits fondamentaux (inceste et meurtre).

Et, bien sur, le rôle fondamental des parents qui, au delà des belles paroles, sauront respecter le corps de leur enfant dans son intégrité et dans son intimité. c'est ce qui, sans aucun doute, constitue la meilleure arme pour l'enfant contre le prédateur sexuel.


Vous êtes témoins ou victimes de violences, carence ou maltraitance sur un enfant, appelez le #119









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